samedi, juillet 22, 2006

Atelier du 21 juillet 2006


"Rooms by the sea" Edward Hopper
Claude Esteban "Soleil dans uen pièce vde"
"Le peintre s'appelle Edward Hopper. Il a représenté des rues désertes, des femmes dans une chambre d'hôtel, des bureaux, des gares où pas un train ne passe. L'homme qui regarde comprend qu'il ne pourra jamais habiter chacune de ces images, qu'elles sont là et qu'elles lui échappent. Il décide donc de vivre à côté d'elles avec des mots, des mots qui, peu à peu, se, transforment en une histoire, celle du peinre peut être, la sienne aussi...
Suite de 47 petits textes inspirés chacun d'une toile de E.Hopper
A nous de dire le toile "Rooms by the sea"

Thierry
Ma première image en me réveillant fut cette porte d'entrée ouverte sur un océan de vide. La lumière innondait l'entrée et la pièce principale. Je me souviens aussi de la couleur des sols; vert caca d'oie dans l'entrée, vert gazon dans la salle à manger. Mais pourquoi du vert ? Je n'aime pas le vert dans une maison.
Je ne me souvenais pas d'avoir ouvert la porte. Mais qui alors ?. J'étais seul dans l'entrée face à cet océan couleur des mers du sud. Au fur et à mesure de mon réveil, j'essayais de construire le puzzle de ce rêve, mais tout semblait confus. Pourquoi tant de vert? pourquoi cette porte ouverte sur l'océan? Pourquoi cette lumière ? Pourquoi aucune ligne arrondie?
J'essayais de trouver du rationnel pour quelquechose qui ne l'était peut être pas, à part....
Tout cela était peut être là, pour me rappeler que la veille j'avais donné mon congé à mon employeur, vendu mon appartement, quitté ma famille, mes amis, mon pays, pour venir vivre ici sur cette île.
En quelque sorte comme une porte ouverte sur l'amour de la vie et de la nature et de mon Dieu à moi.

Brigitte
Par la fenêtre paysage. On peut voir le ciel bleu rose qui marque une frontière avec la mer d’un bleu dur, sans ressac comme un espace vide. La lumière crue souligne le vide de la première pièce et ses couleurs froides. A moitié cachée de notre regard, une deuxième pièce avec ses meubles cossus où l’on peut imaginer une présence humaine.

Christophe
Par la porte grande ouverte, le bleu sans fin de l’océan. Il est là. Immédiat. Calme et sûr de lui. Jusqu’à la courbure imperceptible de l’horizon. Il y a la maison à l’intérieur de laquelle le peintre nous installe avec lui, et les flots tout autour. Pas de jardin et pas de plage. Aucune transition de l’un à l’autre. La porte ouverte du vestibule surplombe les profondeurs. Un pas de trop et c’est la chute. Descente inexorable dans l’abîme. L’abysse qui engloutit. Le bleu qui vire au noir. La température

Marijo
Soleil dans une pièce vide Vue sur la mer au petit matin. Lumière blanche, ciel bleu, petit clapot, la brume se lève, il fait beau. Pas de superflu dans le vestibule baigné de soleil, la pièce est vide. Le soleil en serait-il le seul occupant? On sent à la patine des murs que le domicile est habité ou l'a été. L'œil est accroché par le détail de la serrure. De quelle visite indésirable doit-on se protéger? Un sol vert cru comme les herbages de la terre ferme. Les murs blancs renvoient une lumière saturée. Il fait chaud. On se sent bien. Ni porte manteau. Ni paillasson. C'est sans vêtement et sans chaussure qu'on passe la porte. Le confort n'est pas gommé. Dans la pièce voisine, un divan de velours rouge appelle. L'espace ne se suffit pas à nourrir les pensées, il a fallu l'agrémenter d'une toile que le soleil inonde et dont on ne connaît pas la teneur. Peu importe. Est-ce une maison mal arrimée, partie au grès des vagues ? Une grande marée? Les déménageurs sont-ils en bateau à quelques ondes de la porte? A moins que ce ne soit le domicile d'un gardien de phare amoureux d'une sirène? Un rêve. Une utopie.

vendredi, juillet 21, 2006

Atelier du 7 juillet 06

La proposition faite par Hélène à partir d'un livre de Guy Carlier, journaliste et chroniqueur réputé, consistait à dresser le portrait à partir d'une énumération.

Christophe
Mourad est content parce que depuis quelques jours, l’année scolaire est terminée. Fini l’institut Louis Philippe où il était interne depuis son entrée au collège. Il était arrivé un jour de Septembre, il y a quatre ans, accroché à la main de son père car désormais ce n’était plus possible. L’enfant agité, nerveux, bagarreur serait désormais interne. Son père lui avait tout expliqué. Une mère partie vivre ailleurs mais qui devait l’aimer quand même entre les verres vidés et les bouteilles en attente, les horaires nocturnes de chauffeur de taxi, le studio cher et minuscule, les grands parents trop âgés pour continuer à accueillir un enfant si jeune et débordant d’énergie. C’était la meilleure solution. En tout cas celle que le père de Mourad avait trouvé. Et puis il rentrerait chaque fin de semaine et pour toutes les vacances. Il ramènerait son linge sale et repartirait avec du propre. L’enfant a découvert l’endroit. Mourad s’est habitué. Les classes se sont enchaînées et c’est un adolescent qui a ramené son sac pour la dernière fois. Maintenant qu’il a rangé ses affaires, Mourad pense à tout ce qu’il a perdu à l’internat Louis Philippe. Des règles et des crayons évidemment. Des slips et des chaussettes bien sûr, son père convient que c’était inévitable et le fils préfère désormais les caleçons. Des pantalons et des chaussures, ça étonne un peu plus mais on n’en a pas fait une affaire. Une console de jeux et un téléphone, c’est plus surprenant et ça a fait monter la tension d’un cran, mais après le père de Mourad se dit que ce sont des affaires qu’il ne remplacera pas. L’adolescent n’a pas encore prévenu que sa couette aussi avait disparue. Ca, il faudra bien la remplacer à la fin de l’été et la colère contenue explosera peut être. Mourad se dit qu’elle finira par passer. De toute façon, il sait qu’il a perdu beaucoup plus que cela pendant ses quatre années à l’Institut Louis Philippe…

Marijo
Une question de génération, une mode, un choix de vie?
Dans ce lotissement au nom riant " Le Jardin des Muses" à un quart d'heure de la gare du RER en marchant vraiment très vite. Pour remonter il faut compter une demie heure, la pente est forte. Dès six heures du matin un long défilé des voitures s'échappe en silence en direction de Paris laissant un lotissement sans vie jusqu'au soir, au plus tôt à 19 heures . Construits dans les années soixante-dix tous les pavillons sont semblables, le long des rues flanquées de noms poétiques ou pompeux en aucun cas originaux. On passe de la rue Gabriel Fauré à la rue des glycines ou des alouettes en passant par la rue du clos des lilas selon les quartiers.
Maisons jumelles d'un étage plantées derrière une clôture basse doublées de haie de fusains, portillon de bois au vernis très rapidement défraîchi. Ici un saule pleureur, là un cerisier, là un prunier grenat. Au loin le ronronnement de l'autoroute. (Les grands week-end ne sont pas si nombreux dans l'année) Au dessus le bruit des mouvements des avions d'Orly. (Vers de deux heures ça se calme à force de pétitions. )
L'incontournable collection de chouettes exposée dans l'entrée dont on découvrira la suite sur la table basse du séjour. Dans la maison voisine ce sont des tortues ou peut être des grenouilles qui ont émus les occupants. La toile de jute du séjour a vieilli et le soleil en a foncé les couleurs. On y distingue encore les tourne-sol géants qui à l'époque donnaient un aspect campagne au décor. Les rideau à embrases vieil or. Un gigantesque meuble télé sur lequel s'entasse quantité de K7 qu'on a jamais eu le temps de regarder. Tu sais c'est pas si facile, on n'a pas le temps. Pour éviter les embouteillages du matin Jean Claude part à six heures le matin et il préfère rentrer tard, ça roule mieux. La cheminée "Popoff" achetée au salon de l'habitat dès que le premier emprunt a été fini de payer. Le canapé cuir vert bouteille, on l'a acheté avec le budget des vacances qu'on a passées chez maman plutôt que de prendre une location à la Pérôz Guirec. La cuisine plaquée chêne foncé, achetée sur une promo de la foire de Paris. C'est avec l'argent de mon père qu'on s'l'ai payée. A l'époque on en rêvait. On a beaucoup discuté le prix et on a obtenu en plus un four à pain, la machine à faire des spaghettis, une sorbetière, un truc pour faire des conserves et des confitures et puis je sais plus trop quoi de très utile. Le micro onde a déjà été changé trois fois depuis qu'on est là. Finalement on aime bien les surgelés et puis, on n'a pas l'temps.
En fait les voisins on ne les connaît pas, on les entend s'engueuler de temps en temps mais on ne les voit jamais tu sais ils bossent aussi.