dimanche, novembre 19, 2006

Atelier du 17 novembre 2006

" Antonio Lobo Antunes in "Mémoire d'éléphant".
"…quand Charlotte Brontë le rappela à la réalité présente de cette matinée hospitalière en secouant des deux mains les revers de sa veste en même temps qu’elle entremêlait les gros fils de laine libertaire de la Marseillaise avec le crochet populaire du fado Alexandrino en maniant les aiguilles agiles d’un contralto inattendu. Le fond de sa bouche arrondi comme un anneau de serviette exhibait la larme tremblante de sa luette se balançant tel un pendule au rythme de ses beuglements, ses paupières s’abattaient sur ses pupilles perspicaces à la manière de rideaux de théâtre qui seraient descendus par erreur au milieu d’un Brecht savamment ironique."
A la manière de Lobo Antunes qui ne recule devant aucune comparaison, aucune image, aucune métaphore filée...décrire le magasin Shopi de Sainte Menehould, souvent imaginé si jamais vu par les participants de l'atelier.

Texte de Thierry :
Sur une devanture jaune tournesol, les lettres SHOPI couleur bleu azur se détachaient distinctement. J’avais enfin trouvé le temple de la consommation de la région. Bien sûr ce n’était pas un centre commercial mais SHOPI promettait sur ses affiches « qu’ici c’était mieux qu’à côté ».
Quel plaisir de pouvoir stationner sans se préoccuper des parcmètres. Enfin la liberté de stationner, qui l’aurait cru ?... Passé les portes coulissantes du magasin, je remarquais l’incroyable silence qui y régnait. Ici point d’annonce racoleuse dans les hauts parleurs ventant les bienfaits des crèmes amincissantes pour femmes ménopausées. Rien que du calme. Pas de vendeur dans les allées. Rien que du vide. Pas de rayon débordant d’articles superflus. Rien que le nécessaire. On était loin de Paris loin de la société sur consommatrice. Je trouvais enfin les boîtes de pâté. Quel bonheur, pâté de foie ou pâté de campagne. Etiquette bleue ou étiquette jaune. 2,50€ ou 3,15€. Mon choix se portait sur le pâté de campagne Ardennais. Boîte bleue avec une tête de sanglier sur fond de paysage vallonné. Je cherchais l’espace boulangerie mais en vain. Ici rien que du pain de mie, 2 choix, 2 marques, 2 prix, 2 couleurs. Pareil pour le vin. Ici tout fonctionnait par deux, un vrai soulagement pour les victimes de Corneille !
Je me dirigeais vers la caisse. Quel plaisir de ne pas faire la queue comme chez Carrefour le vendredi soir. Ici la caissière attitrée portait une blouse bleu pâle et vous accueillait avec un sourire trop rouge et une teinture de cheveux à faire pâlir J.Dessange. Ici au SHOPI de Ste Ménéhould, Roseline prenait le temps de vérifier le prix des étiquettes portés sur les articles avec ceux enregistrés dans la machine électronique. C’était formidable, pas de gâchis, 1 seul sac plastique suffisait pour emballer mes articles.
Pas de paiement par carte mais deux vignettes points fidélité à conserver. Le retour vers de vraies valeurs !
S’il y avait bien un endroit à indiquer dans le guide du Routard ‘ Champagne-Ardenne 2006-2007 » c’était bien celui-ci. Ca pourrait s’intituler « Avec SHOPI Ste Ménéhould retrouvez le goût de la vie » !.


Texte de Clara
A 8h du soir, les rues sont désertes à Sainte Menehould. Dès 19h, les volets ont été rabattus sur les intimités encaustiquées. A travers les lattes des persiennes filtre la lueur intermittente des téléviseurs. Sur la place, les platanes au teint blafard boivent une flaque de lumière parcimonieuse. C’est le cœur commerçant de la ville qui s’épuise dans le grésillement de ses néons.. Derrière la porte du Shopi se déhanchent des piles de cageots vides et serpente une chenille de caddies au repos. Un chien trottine entre les arbres et déclenche des aboiements sortis d’on ne sait où, et ce sont des ordres en cascade qui giclent soudain pour retomber dans le silence indifférent.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, Sainte Menehould n’est qu’endormie. Demain le Shopi fourmillera d’activité. A la première heure, le patron, Monsieur Dubout, béret vissé sur le front, fera teinter son trousseau de clés sur la plaque de laiton de la serrure, puis, la main sur le tableau de commandes, il illuminera le palais des merveilles, révélera les trésors de la caverne d’Ali Baba. Surgiront de l’ombre des linéaires d’emballages brillants, les transparences rosées des goulots alignés, les présentoirs de sachets Villemorin que le maître des lieux ferai tourner machinalement pour le plaisir d’entendre la pluie joyeuse des graines. Il dérouillera sa caisse grippée, remplacera voluptueusement le rouleau taché d’encre violette, cassera sur le bord du tiroir les rouleaux raides de pièces et écoutera dégringoler la ferraille. C’est à cet instant qu’entrera Madame Morvan dans un chuintement de chaussons traînés. Levée depuis 5 h ce matin, elle a attendu le grincement de la porte du Shopi, signal de départ de sa journée. Elle n’y prendra qu’un paquet de sel et un oignon et fera semblant d’avoir oublié le reste pour revenir une fois, peut-être deux, dans la journée.


Texte de Gilles
La porte automatique du Shoppi baille et soupire périodiquement pour laisser passer le chaland, en regardant, en face, le Monument aux Morts, qui ne cessent d’expirer depuis la Der des Der…
Profitant de l’entrée d’une ménagère emperlousée qui me jette un regard glacial comme si je lui avais collé au cul, je me glisse dans le magasin envahi jusqu’au plafond de tonnes de pâtes et autres denrées, et de dizaine de litres de cette eau fadasse et insipide : l’eau minérale de Ste Ménéhould, m’avait-on bavé aux oreilles avec délectation. « Allez donc au Shoppi, c’est là qu’elle est la moins chère », avait-on assuré.
Bravement, je m’avance vers le rayon des eaux minérales, bien décidé à en découdre avec la pellicule glacée de plastique qui enveloppe, compresse, comprime, embrasse, étreint de sa poigne transparente au moins une douzaine de bouteilles à la fois. C’est qu’il n’est pas dans mes intentions d’acheter plusieurs bouteilles de cette flotte ; je n’en prendrai qu’une, préférant de beaucoup la bière de Ste Ménéhould, réputée pour ses vertus digestives.
Au prix d’un ongle cassé net, mort au champ d’honneur, je parviens à faire un trou dans la carapace.
Un deuxième ongle est sacrifié : la gangue n’est pas morte. En y enfonçant mes doigts en formes de crochets, je réussis à accentuer la béance. Mais le film de plastique est un loup pour l’homme : sitôt tiré, il se rétracte, fait la bête, fait le bête, fait celui qui ne comprend pas.
Victoire ! L’ennemi a cédé dans un long cri de bête blessée, sur le point d’agoniser. L’ennui, c’est que le combat se termine par la dégringolade, l’éclatement sournois de l’ensemble de la pile de bouteilles, liguées contre moi.
Comme des épaves au milieu de l’océan, mes chaussures naviguent, mes pieds barbotent. Je m’enfuis, rincé. Avec une bouteille de bière de Ste Ménéhould sous le bras.

Texte de Christophe
Au cours de la belle saison, celle qui s'étend de mai à septembre,la porte du Shopi de Sainte-menehould reste ouverte de l'aube au crépuscule. Le patron descend de son appartement du premier étage par l'escalier intérieur. Il tire la porte du Shopi dès les premières lueurs du jour, avant de lever le rideau de sécurité destiné à protéger contre l'intrusion inamicale de visiteurs nocturnes, tandis que la patronne la referme à la nuit tombée, après avoir rabaissé la tranquille garantie d'intégrité de la supérette. Au total, le Shopi de Sainte-menehould reçoit les habitants pendant plus de quatorze heures,, avec des pointes à seize ou dix-sept les veilles de fêtes et pendant les vendanges. Il voit défiler des espiègles matinaux, chipeurs de friandises en route pour l'école, des ménagères à la recherche d'ingrédients manquants dans des placards domestiques pourtant bondés, des retraités dont les bavardages ont cessé de refaire le monde pour ne plus s'occuper que de maladies sans fins et de pharmacopées sans effets, des voyageurs certains de s'être égaré en quête de boissons rafraîchissantes et quelques bricoleurs étonnés de leur surprise lorsqu'ils mettent la main sur le paquet de vis introuvables ou de douilles inaccoutumées, cachés derrières les produits de premier rang. Toute la journée, l'exeption est la règle au Shopi de Sainte-menehould où le labyrinthe des rayons et des gondoles recèlent à la fois du nécessaire et de l'inespéré.


Texte de marijo
Comme un tome d' encyclopédie sans âge et poussiéreux qu’on aurait oublié depuis que le petit avait fait carrière, la boutique est rangée entre le bureau de Poste et l'étude du notaire. La devanture usée comme la blouse de travail la veille d’une retraite, semble tenir grâce aux multiples couches de couleurs passées. Monsieur Bertrand avait peint son « Epicerie Principale" en brun ventre de puce. La boue marque moins les bas de pantalons couleur terre lui disait sa mère en choisissant l’étoffe de son prochain costume qu’elle confirait au tailleur. Sa femme devenue veuve, l'avait préféré rose, un rêve de jeune fille. A sa mort que les clients auraient souhaiter plus tardive s’il y en eu, le gérant de la Coop l'avait faite orange exotique heurtant la grisaille de l’Avenue Principale à la manière du jeune rebelle convaincu de sa naïve intuition. Puis monsieur Goulet Turpin la décida blanche devenue grise à mesure que sa tignasses blanchissait. A sa mort Felix Potin la couvrit de rouge et jaune couleur enseigne de la nouvelle station service à l’entrée du bourg. Trop Shell ou peut être trop espagnol, à sa réouverture en Shopi la modernité des années soixante imposa une combinaison de bleu, jaune rouge, positionnement étudié depuis les bureaux parisien où les effets de mode sont aussi absolus qu’éphémères. La vitrine déborde de confiseries multicolores, comme pour promettre l’achalandage à découvrir, appâts illusoires vers les petits enfants si désirés et si rares des derniers habitants de la bourgade, les enfants détallés tout juste majeurs pour n'y revenir qu'aux vacances avec leur progéniture essouchée que seules les fraises tagada familières savaient rassurer.

dimanche, novembre 12, 2006

Atelier du 03 novembre 2006

"Les délices de l'énumération. Rien au monde n'est assez unique pour ne pas pouvoir entrer dans une liste" Georges Perrec
On trouve tout dans les listes, la fantaisie qui naît de l'accumulation d'éléments imaginaires ou réels. Exercice formel qui permet de faire naître du poétique d'une simple juxtaposition. C'est un jeu qui insufle de la poésie dans le regard qu'on porte aux choses réelles.


Marie vierge mère de jésus
Marie thérèse ma mère
Marie madeleine amie de jésus
Marie Stuart reine, fut exécutée
Marie antoinette reine, fut exécutée
Marie Trintignant actrice, fut assassinée
Marie paule une copine d’école
Marie jo une copine
Marie de France reine de France, française
Marie Leszcynska reine de France, polonaise
Marie louise impératrice
Marie jeanne à consommer avec modération
Marie brizzard « cul sec »
Marie galante, île des Antilles
Marie salope mène en bateau et la
Marie couche toi là…

Pour l’Amour
- Aah (au début)...................................... Ah (à la fin)
- Abandonnée (dès le début) ................ Abandonnée (vers la fin)
- Accueil (chaleureux) ........................... Accueil (glacial)
- Adoration (à éviter) ............................ Adoration (terminé)
- Aérien (si léger) ................................... Aérien (retour sur terre)
- Affinité (si possible) ............................ Affinité (plus possible)
- Agacement (ça arrive) ....................... Agacement (permanent)
- Ailes (on peut les sentir pousser) ..... Ailes (on ne sent plus rien)
- Aléas ( on peut pas les éviter) .......... Aléas ( on peut pas les éviter)
- Amitié (si loin) .................................... Amitié (peut être ?)
- Angoisse (jamais) ............................... Angoisse (toujours)
- Appâts (les miens) ............................. Appâts (les siens)
- Ardent (pour moi) ............................. Ardent (pour elle)
- Attente (heureuse) ........................... Attente (frustrante)
- Autre (quel autre ?) ......................... Autre (une autre)
- Aveux (inutiles) ................................ Aveux (lui)
- Azimut (tout) .....................................Azimut (tout)
Brigitte

An Apple a day keeps the doctor away » répéta mon Boss Hugo, un Monsieur Propre et toujours de bon conseil. C’est Bon Marché au champ mais plus cher qu’aux Galerie. Lafayette lui, savait qu’en Société Généralement on attrapait Lajaunie Cachou des oscillo coccinum animaux de l’haut asis, qui ne mangeait jamais de pomme. C’est un Mal Beau Rots inévitable, Papy Brossard et Hugo, mon Boss sont toujours du même Avis. Papy qui est Picard et toujours Habitat avec Mamy Nova depuis le temps et il Levis hyper bien (ce doit être les pommes) Elle disait tout le temps « Go ! Voyage before the last minute » Eux ont Pall Mal bougé, ils ont besoin d’Air. France ou autres compagnie, ils ne tiennent pas en place. Etam, Tam Tam comme des Routards, ils ont rencontré Paul Smith à London et aussi Larousse, qui se faisait appeler Pink Lady avec ses belles pommes parce qu’ils habitaient Soho. Tout autour du Monde, ils ont vécu ça comme une Libération, les deux faisaient Lapeyre pas comme Af Leloup et Hippopotam, us were not Happy Friends mais je ne sais pas s’ils mangeaient des pommes. C’est peut être cela ?
Bref, ils ont tout vu, tout lu ça avait l’air AT Pas souvent. Mais moi, je n’ai jamais été mieux que dans Magrange près de Longchamps et de la Fontaine Claire.
Mes amis n’étaient autres qu’un géant vert et un petit ours brun.
Maé