samedi, mai 27, 2006

Atelier du 26 mai 06

La proposition d'écriture s'est construite en deux temps.
1/ Dans un premier temps, nous sommes parti d'un extrait du livre de François Bégaudeau "Entre les murs" qui présente le travail d'un jeune professeur de francais dans un collège du 19è arrondissement de Paris (réputé pour sa population cosmopolite).
" A côté de mon père en uniforme, ce détail, somme toute assez commun, conférait pourtant à la photo sa singularité. Je leur ai laissé dix minutes pour relever les compléments dans la phrase. Au bout de dix seconde, Fatad a levé le doigt.
- Ca veut dire quoi conférait?
- Conférait c'est come donnait. Ca veut dire donnait à la photo sa singularité.
Tous les autres ont barré ce qu'ils avaient commencé à faire. Salimata a levé le bras, trois bracelets par bras, quatre colliers par cou.
- Ca veut dire quoi singularité?
- Ca veut dire originalité. Tu comprends originalité?
- Oui ca veut dire que c'est beau.
- Non, ca veut dire que c'est particulier. Là ca veut dire que le détail donnait un côté particulier à la photo.
Quand Alyssa cherche, son crayon en pâtit le monde s'embellit.
- Ca veut dire quoi déjà quand on va chez un particulier?
- Oh là là, c'est autre chose cà. Ca va nous embrouiller.
Mezut n'avait pas besoin de ca pour s'y perdre.
- M'sieur la phrase elle commence où?
- Ben quand même, Mezut. La phrase c'est tout ce que j'ai écris au tableau. Ca commence par la majuscule et ca termine par le point. Quand même.
Il y eu une minute de pur silence, rompu par un éternuement et par Cynthia.
- Monsieur je comprends pas pourquoi y'a somme au milieu de la phrase.
- Somme, t'es sûre?
Je me suis penché sur la feuille.
- Ah oui d'accord, somme toute. En fait la somme va avec le toute, ca fait somme toute, c'est comme un seul mot. Somme toute ca veut dire... somme toute c'est comme au bout du compte. Ce détail, en fin de compte original, enfin non là ca marche pas vraiment, mais disons que c'est un peu ca, somme toute. C'est un peu comme au bout du compte.
Ils se sont remis au travail, plus satisfaits que moi.
- Vous avez qu'a laissé tomber somme toute, dans la phrase ça sert à rien, on peut très bien l'enlever.
- Pourquoi ils l'ont mis si ca sert à rien?
- D'abord c'est pas au plriel, c'est au singulier. Le gars qu'à écrit cà, il est tout seul.
- Si le gars il a mis somme toute, nous on peut pas l'enlever, sinon ca veut dire ca sert à rien.
- Non pas vraiment, mais pour les compléments ca sert à rien.
- Donc on le garde, mais on le regarde pas.
- C'est obligé qu'on le rregarde.
- Bon alors tu le regardes un bon coup et après tu finis l'exercice parce que là on a plus le temps."

Cet extrait illustre la particularité du vocabulaire et le caractère irremplacable des mots. Nous avons donc choisi une phrase au hasard dans un roman ("Sale linge" d'Isabelle Rossignol) : « Maintenant, elles sont toutes les trois devant la porte… » Chacun des quatres participants a choisi un élément de la phrase et s'est attachà le reformuler. Nous avos renouveller quatre fois l'opération. Ce qui a donné :

A l’instant où je vous parle, Chine, Claudine et Martine surnagent sur le paillasson effiloché qui se trouve face au panneau de bambou à claire-voie qui ouvre sur la cour.

A l’instant où, prête à intervenir, j’ouvre la bouche et retiens mon souffle, Chine, Claudine et Martine s’efforcent de garder la tête hors de l’exécrable carpette délitée et mouillée qui se trouve face au panneau de bambou dont les lattes ajourées en bois javanais ouvre sur la cour.

A l’instant où, prête à intervenir, j’ouvre la bouche et contrôle la retenue de ma respiration, Chine, Claudine et Martine rivalisent d’ingéniosité pour tenir leur cervelle hors d’atteinte de l’exécrable carpette éprouvée par les milliers de pas que le temps lui a infligée tout autant que mouillée qui se trouve face au moucharabieh balinais dissimulant une arrière cous ensoleillé cour.

A l’instant où, prête à intervenir, j’ouvre la bouche et contrôle la retenue de ma respiration, Chine, Claudine et Martine rivalisent d’ingéniosité pour tenir leur cervelle hors d’atteinte de l’exécrable carpette éprouvée par les milliers de pas que le temps lui a infligée tout autant que mouillée qui se trouve face au moucharabieh balinais dissimulant une arrière cours ensoleillée.


2/ Puis chacun a du construire un récit à partir de cette dernière phrase.


Thierry
Mata a ri. Elle contrôle maintenant sa respiration. Derrière son mouchard à biais Balinais, elle observe. Les trois seours du docteur Ine sont là. Che Ine, Claude Ine, Marthe Ine déplacent le paillasson crasseux. Mata a les doigts crispés sur son arme. Matta les matte avant de pouvoir les mâter. Du grabuge se prépare à l'hôtel "Rumah Java".


Christophe
Plusieurs sbires silencieux m’avaient abandonnés à demi conscient dans une pièce obscure. Je m’éveillais lentement, étourdis par des effluves mentholées, et réalisais peu à peu l’étrange situation dans laquelle je me trouvais : debout, au milieu de nulle part, parcouru de furtifs traits de lumières vertes, chacun de mes membres solidement lié a un anneau de caoutchouc ancré dans la pénombre.
A l’instant précis où j’ouvris la bouche, je sentis leurs souffles sur mon corps. Elles devaient être trois. Quatre peut être que l’offrande réjouïssaient.