dimanche, avril 16, 2006

Atelier du 14 avril 06

Proposition d'après le livre de Bernard Werber "l'Empire des anges".
Imaginez la rencontre avec votre ange gardien.
"Mon interlocuteur est un petit barbu au regard fiévreux mal dissimulé par ses besicles. Il me tire, me pousse, insiste. Il dit qu'il est mon "ange gardien".
Ainsi donc j'avais un ange gardien? Quelqu'un qui surveillait ce que je faisais. M'aidait peut être... Cette information me rassure et m'étonne en même temps. Je n'étais donc pas seul. Toute ma vie quelqu'un m'a accompagné. Je le regarde plus attentivement.
Cette silhouette frêle, cette barbiche, ces lunettes du dix-neuvième siècle... Il me semble l'avoir déjà vu quelque part.
Le bonhomme se présente : Emile Zola
- Monsieur Emile Zola, l'auteur de Germinal?
- Votre serviteur, monsieur. Mais l'heure n'est pas aux ronds de jambes. Le temps presse .Dépêchons-nous.
Il m'affirme suivre ma vie depuis le début et m'assure que je ne dois pas me laisser faire maintenant .
- L'intrigue... euh, le karma était bon. La chute ratée. Par dessus le marché, la bonne procédure du jugement des âmes n'a pas été respectée. Ce procès est inique. Injuste. Anti-social.
Emile Zola m'explique qu'aux termes des lois en vigueur au Paradis, mon ange gardien aurait dû être présent à mes côtés lors de la pesée de mon âme afin de pouvoir, le cas échéant, me servir d'avocat.
Il me tire hors du tunnel et me pousse vers le plateau où trônent toujours les trois archanges. Devant le tribunal, il bouscule tout le monde, exige qu'on recommence tout. Il menace d'ébruiter l'affaire. Promet que son intervention fera jurisprudence. Il en appelle à toutes les règles de vie du Paradis. Il tempête :
- J'accuse les archanges d'avoir falsifié la pesée de l'âme de mon client. J'accuse les archanges d'avoir bâclé un procès qui les embarrassait. J'accuse enfin cette cour céleste de n'avoir eu pour seul objectif que d'expédier au plus vite une âme dont le seul péché est d'avoir eu de la curiosité!
Visiblement les trois archanges ne s'attendaient pas à ce coup de théâtre. Ca ne doit pas être tous les jours que quelqu'un se permet de contester une de leur sentences.
- Monsieur Zola, je vous prie. Veuillez accepter le verdict du tribunal céleste"
Christophe
Pendant que nos parents s’effondraient autour de petits corps inanimés et que des dizaines de créatures ininflammables en peluche multicolore se transformaient en souvenirs effarant, je prenais mon envol au milieu d’une escouade de poupons goguenards réunis pour le grand départ. Le personnel d’accompagnement nous a expliqué qu’on était des cas particuliers : les morts subites du nourrisson et les décès prématurés pendant les premières semaines nécessitaient un traitement particulier vu que là haut, personne n’avait encore été désigné pour nous accompagner. C’est donc par un tirage au sort aléatoire organisé dans l’urgence que nos anges gardiens seraient désignés pendant le trajet. On découvrirait le résultat à l’arrivée, vue qu’ils nous attendraient derrière les barrières d’arrivées, avec un petit panneau portant nos prénoms à chacun.

Thierry
J'attendais devant la porte sur laquelle était indiqué : " Pesée des Ames - Silence !".
La porte s'ouvrit et une voix me demanda d'entrer. Dans cette pièce sans forme beignée d'une lumière bleutée, trois personnes en face de moi. Elles se présentèrent comme étant les archanges. Planté là devant eux, sans que je l'entende venir, je devinai une présence derrière moi. Je voulus tourner la tête mais deux mains vinrent se poser sur mes joues pour bloquer le mouvement. Deux mains ! donc c'était un humain !.
Je crus reconnaître une odeur familière, mais à ce moment de mon après-vie mon cerveau devait me jouer un tour. Et pourtant...
Par moment, son souffle venait carresser mon cou. Comme avant...enfin j'aurais aimé à ce moment précis me retrouver comme avant avec lui.
Les trois archanges me dévisageaient tout en échangeant des propos inaudibles.
Je pensais à lui, nous, moi avec lui, lui sans moi, moi ici, lui ?
Je sentis le souffle se rapprocher de mes oreilles. Une voix me sussura à l'oreille "Nama saya..."Je n'au pas besoin d'entendre le reste pour comprendre qu'il m'avait attendu. Je fondis en larmes...Ste Ménéoulde fut innondée.

Hélène
Au cinéma ou à la lecture de romans sortis ces dernières années, je me laisse accrocher par les arguments échangés entre anges gardiens, entre mort tout frais et son attitré, ou entre ange et démon ; il me convient de repérer la sagesse des anges qui savent ne pas intervenir pour respecter la liberté de l'homme.
Mais l'ange d'Hitler avait-il un ulcère ? S'est-il senti frappé d'impuissance devant les répercussions des choix de son client ? Ou bien savait-il -comme les travailleurs sociaux et les thérapeutes de nos jours- prendre le recul suffisant pour ne pas en être atteint ? .
Quelques copines dialoguent devant moi avec leur ange gardien au moment de détecter où garer leur auto – si j'en rigole, certaines cherchent à me convaincre de l'intérêt de cette relation qui dépasse disent-elles la seule attente d'une satisfaction immédiate. C'est un compagnonnage un peu religieux…
Moi, je souffre trop au quotidien de solitude, de la mienne comme ce celle des autres pour pouvoir imaginer qu'existe ce regard porté sur nous, même de loin.

Clara
Depuis l'enfance, j'attribue à mon âme une forme et un aspect bien particuliers. Mon âme serait une pyramide élancée à la pointe recourbée, telle un bonnet de lutin. De couleur ivoire, elle serait luminescente, sorte de veilleuse pour chambre d'enfants. Elle aurait sa vie propre à l'abri de ma poitrine, les phases d'expansion lumineuse succédant aux phases d'obscur raccourcissement, comme une respiration. Pour veiller sur elle, mon ange gardien. Descendu d'un triptyque de Fra Angelico, tout de pastel vêtu et auréolé d'or , il reste en lévitation, deux pas derrière moi grâce au battement mesuré de ses ailes. J'ai peur de m'asseoir dessus. Le surprendre par un soudain volte face ou l'éclair d'un reflet dans la glace, sentir sa main sur mon épaule, le frôlement de ses ailes à mes côtés est un rêve que je caressais craintivement. Je le voyais gardien de mon âme, patient et routinier tout comme un gardien de phare. Qui l'avait envoyé ? Dieu le Père ? Je compris un peu tard que c'était une belle invention du père –Dieu ou pas- pour être tranquille avec ses enfants. C'était un émissaire plus efficace qu'une baby-sitter.

Marijo
-Fais pas chier. J'peux rien faire sans que tu sois derrière mon dos… Fais moi des vacances…
-Oh, ça va, j'ai pas ouvert la bouche. .
-Non, c'est vrai t'as plus besoin de parler, j'te connais depuis l'temps.
-Et alors, qu'est-ce que j'allais te dire vas y, dis moi?
-Que j'devrais réfléchir que ça fait longtemps que tu m'le dis et que je devrais être plus sérieuse et que et que.. Et moi, j'en ai mare. T'es pas drôle. Cesse de m'asticoter comme dirait ma mère…
-Teins, justement, est-ce que t' y penses à ta mère?
-Ah, voilà, nos y sommes. Je sais tu voudrais que comme ma mère je vive avec un crucifix entre les genoux en attendant la mort. C'est ça que tu veux? Ca fait cinquante ans que tu m'le répète.
-Non, j'fais mon boulot. C'est tout. J't'ai rien dit..
-Je sais tu ne dis rien mais tu as l'art jouer avec ma culpabilité et tout à l'heure j'vais encore être rongée de remords et t'auras gagné. Mais gagné quoi?
-Je sais ça te gêne de t'exposer.
-Y a une chose de la vie que j'ai bien compris c'est que la culpabilité, ça sert à rien. C'est un sentiment qui ne produit rien. Ca détruit de l'intérieur sans construire. Tout c'que tu m'dis j'le sais mais la vie est trop courte. Alors si tu veux me rendre service, j'aimerais que tu me foutes la paix avec tes momeries et tes sermons. Oublie moi et vas aux diables…